Recallage d’horloge pour VM Xen

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Oct 182012
 

Pour ceux qui font de la virtualisation avec Xen, il existe un bug assez pénible qui fait « shifter » le timestamp d’environ 3000000000 de nanoscondes (soit environ 50minutes) de temps en temps.
Ca semble dépendent d’un hardware (uniquement sur des machines ayant plusieurs CPU physiques avec des TSC indépendants avec des VM utilisant plus de VCPU qu’il n’y a de coeurs en tout et sous forte charge pour que le temps « stolen » accumulé de chaque VM soit non-négligeable. Je ne constate ce défaut qu’environ 1 fois tous les 15 jours. J’imagine que la chose est due à un débordement quelque part dans la façon dont l’hyperviseur gère la clocksource mais je n’ai pas trouvé de solution sur le net et je n’ai pas les compétences requises pour isoler et résoudre ce problème moi-même.

Voici donc un petit bout de code source pour faire un petit démon qui évite tout changement brutal du timestamps. Ca n’est pas une vraie solution car lorsque le problème se produit, l’heure système est effectivement fausse pendant une ou deux milisecondes. Mais vu la rareté des « shifts » et la brièveté du défaut, dans les faits cette erreur est très généralement sans aucune conséquences.

#include <stdio.h>
#include <sys/time.h>
#include <unistd.h>
#include <errno.h>
#include <stdlib.h>

const int delay_us = 1000;
const double threshold = 1.0;
const bool debug = true;
FILE* debugstream = stderr;

void fprint_timestamp(FILE* stream, struct timeval * tv)
{   fprintf(stream, "%010d.%06d", (signed int)(tv->tv_sec) , (signed int)(tv->tv_usec) );
}

double tv2dbl(struct timeval * tv)
{   double sec=0;
    sec=tv->tv_usec;
    sec/=1000000;
    sec+=tv->tv_sec;
    return sec;
}

double tvDiff(struct timeval * a , struct timeval * b )
{   return tv2dbl(a) - tv2dbl(b);
}

void debug_shift(FILE* stream, struct timeval * curtime, struct timeval *oldtime )
{   fprintf(stream, "Le timestamp a augmenté de %lf ", tvDiff(curtime, oldtime) );
    fprintf(stream, "secondes depuis la derniere verification.\n" );
}

void settime(struct timeval * t)
{   if ( settimeofday(t, NULL) == -1 )
    {   fprintf(stderr, "Erreur : Impossible de régler l'heure. (êtes vous root?)\n");
        exit(1);
    }
}

void timehasshifted(struct timeval * curtime, struct timeval *oldtime )
{    
    if ( tvDiff(curtime, oldtime) <= threshold && tvDiff(curtime, oldtime) >= -threshold )
    {   if (debug) debug_shift(debugstream, curtime, oldtime);
        return;
    }
    debug_shift(stdout, curtime, oldtime);
    fprintf(stdout, "Remise du timestamp ");
    fprint_timestamp(stdout, curtime);
    fprintf(stdout, " à l'ancienne valeur de ");
    fprint_timestamp(stdout, oldtime);
    fprintf(stdout, "\n");
    settime(oldtime);
    *curtime=*oldtime;
    fprintf(stdout, "Timestamp remis à ");
    fprint_timestamp(stdout, oldtime);
    fprintf(stdout, "\n");
}

int main(void)
{
    struct timeval oldtime;
    struct timeval curtime;
    gettimeofday(&oldtime, NULL);
    while (true)
    {   
        usleep(delay_us);
        gettimeofday(&curtime, NULL);
        timehasshifted(&curtime, &oldtime);
        oldtime = curtime;
    }
}

Le silmarillion pour les nuls

 Sans catégorie  Commentaires fermés sur Le silmarillion pour les nuls
Oct 072012
 

Texte trouvé sur le net en 2002 ou 2003.
Introuvable depuis.
l’auteur de ce texte est un certain Jean Marot auquel je n’ai pas vraiment moyen de demander l’autorisation de reproduire ici son oeuvre.


DISCLAIMER:

Ce qui suit est une tentative de résumé du Silmarillion. Il est en principe raisonnablement fidèle aux fait exposés dans ledit bouquin, et totalement infidèle à l’esprit et au style. Ce résumé est fourni tel quel, sans aucune garantie d’aucune sorte, implicite, explicite ou autre, vous connaissez ce genre de salades. La principale qualité d’un résumé est d’être court; celui-ci est parfaitement lamentable de ce point de vue, mais toutes les phrases verbeuses et bourrées de gags idiots sont parfaitement assumées par leur auteur. Et si vous n’êtes pas contents, vous n’avez qu’à aller le lire, ce bouquin. C’est vrai, quoi, en plus je comprends pas pourquoi tout le monde le trouve chiant, moi j’aime beaucoup. Enfin bref, si votre ordinateur implose, votre chat se suicide et votre/vos MOAASes préférés vous quittent pour un teckel nain, vous viendrez pas chialer, je m’en lave les mains à l’alcool à 90 degrés. Toutes les marques citées sont déposées
par leurs propriétaires respectifs. Toute ressemblance avec des personnes ou des animaux existants, ayant existé ou devant exister un jour serait
pure coïncidence. Idem pour les plantes, d’ailleurs. Ah, et si vous vous appelez Christopher Tolkien, vous n’avez pas le droit de lire ce qui suit.
On sait jamais, faut tout prévoir.
Ah, et au cas où vous trouveriez ce résumé trop long, une version moins complète et encore moins dans l’esprit est disponible à http://fan.theonering.net/writing/stories/files/100101_kyriel_15sil.html

NOTE PRÉLIMINAIRE :

Le bouquin publié dans notre continuum espace-temps sous le nom de _The Silmarillion_ est en fait un recueil formé de cinq (5) ouvrages publiés originellement dans le monde de Tolkien:

  • L’Ainulindalë, récit de la création dudit monde;
  • le Valaquenta, bottin des divinités en activité dans le monde en question;
  • le Quenta Silmarillion, l’histoire des Silmarils (et si vous ne savez pas ce que c’est un Silmaril, lisez, je finirai bien par en parler à un moment ou à un autre);
  • l’Akallabêth, récit de la grandeur et de la décadence du royaume de Númenor;
  • et enfin « Of the Rings of Power and the Third Age », en gros une version courte des appendices du Seigneur des Anneaux.

Dans ma grande générosité et mon abnégation sans égale, je ne me contenterai pas de vous raconter le Quenta Silmarillion, mais je vous résumerai le tout.
Les puristes sont avertis qu’il m’arrivera de raconter les choses dans un ordre légèrement différent de celui qu’utilise Tolkien. J’ai fait une division en parties un peu arbitraires, pour donner un semblant de structure à la chose; n’allez pas vous imaginer que ces divisions existent dans l’original. Bon, je crois qu’on peut y aller, là. Trois, deux, un, zéro, action!

PRÉLUDE – Création du monde

Au commencement était le Verbe. Euh, non, zut, me suis planté de bouquin. Au commencement, donc, était Eru, dit aussi Ilúvatar (soit respectivement « Unique » et « Père de tout »). Eru commença par créer les Ainur, des entités désincarnées, produit de ses pensées. Il passa un moment à leur proposer des thèmes et à les laisser chanter chacun dans leur coin, puis un beau jour il les rassembla, leur proposa un thème particulièrement réussi et les invita à une petite jam session cosmique. Ce qui fut fait, et les Ainur reprirent en choeur le thème, chacun l’agrémentant de ses variations personnelles. Mais le plus puissant des Ainur, Melkor, qui était un brin mégalo sur les bords, décida que tout ça manquait un peu d’originalité et se mit à introduire des thèmes à lui dans la musique, et comme certains de ses collègues se mirent à le suivre plutôt que de continuer sur le thème d’Eru, ça commençait à devenir franchement bordélique. Par deux fois Eru introduisit d’autres thèmes pour essayer de calmer un peu tout ça, mais Melkor continuait à bourriner pour imposer sa conception de l’esthétique musicale, et Eru finit par péter les plombs et interrompre la musique par un accord final et retentissant.

Alors Eru montra aux Ainur une vision de ce qu’ils avaient chanté, histoire de calmer un peu Melkor en lui montrant que toutes ses interruptions s’intégraient dans l’harmonie de l’ensemble; il leur montra donc le déroulement futur de l’histoire du monde, correspondant à leur chant, mais avec quelques surprises de sa propre invention, notamment les enfants d’Ilúvatar, i.e. les elfes et les humains. (qui correspondaient au troisième thème; si quelqu’un a des hypothèses sur le deuxième, je suis preneur). Ceci explique que les Ainur aient une connaissance partielle du futur, au passage.

Puis Eru décida de créer le monde proprement dit, et il autorisa ceux des Ainur qui le souhaitaient à aller y habiter, pour qu’ils réalisent ce qu’il venait de prédire; Melkor, évidemment, sauta sur l’occasion. Ceux des Ainur qui descendirent dans le monde prirent le nom de Valar pour les plus bourrins, ou de Maiar pour les autres, qui étaient leurs suivants; et l’histoire du monde commença.

INTERLUDE 1 – Les Valar et les Maiar, leurs vies, leurs oeuvres

Je ne parlerai ici que de ceux des Valar qui interviennent plus ou moins directement dans l’histoire; si une wandering Flo veut faire un topo complet sur les « dieux » de la mythologie de Tolkien, elle a ma bénédiction. Donc, allons-y pour une liste abrégée:

  • Melkor. Le plus grand, le plus fort, pas le plus beau mais bon, on peut pas tout avoir.
  • Manwë: dieu des airs, roi des Valar et d’Arda, i.e. de la Terre; les aigles sont ses serviteurs. C’est le petit frère de Melkor. Oui, les Valar ont tous été créés ex nihilo par Eru, mais il y en a qui sont frères et soeurs et d’autres pas. Allez comprendre. L’épouse de Manwë est Varda, dite aussi Elbereth, qui ne fait pas grand-chose, mais qui a inspiré quelques jolies chansons.
  • Ulmo, le dieu des mers. Il vit seul dans les profondeurs, mais toutes les eaux sont son domaine, et il continue à s’intéresser à ce qui se passe en Terre du Milieu même quand les autres s’enferment chez eux, mais j’anticipe, là.
  • Aulë, le dieu de la terre et de l’artisanat, qui a enseigné beaucoup de choses à beaucoup de gens avec des conséquences souvent discutables, et son épouse Yavanna, déesse de la végétation.
  • Mandos, plus ou moins le dieu de la mort et du destin, qui en fait s’appelle Námo, Mandos c’est le nom de son palais, mais tout le monde l’appelle comme ça alors bon, z’allez pas faire chier non plus, hein. C’est chez lui que demeurent les elfes après leur mort, jusqu’à la fin du monde; par contre les humains n’y restent qu’un moment, avant de partir Eru seul sait où. Notons par ailleurs que Mandos a un sale caractère et que quand il maudit quelqu’un, il n’y va pas avec le dos de la petite cuiller à arracher les coeurs, ainsi que la suite le prouvera abondamment.
  • pour mémoire, Oromë et Tulkas sont les bourrins de services, dont il m’arrivera sans doute d’utiliser les noms dans la suite, donc autant les citer ici.
  • Parmi les Maiar, citons seulement Eonwë, le héraut de Manwë, et Sauron, dont vous avez probablement déjà entendu parler, qui était un suivant d’Aulë avant d’être corrompu par Melkor. Ah, au passage, les balrogs aussi sont des Maiar.
PREMIÈRE PARTIE: Et c’est parti pour un tour !

Au début, donc, il y avait sur Arda les Valar et les Maiar, et rien d’autre. Les Valar se mirent à façonner Arda, chacun dans son domaine, et Melkor, évidemment, passait son temps à foutre le bordel, jusqu’à ce qu’il se fasse foutre dehors à coups de pieds au cul par Tulkas. Et Aulë façonna deux lampes pour éclairer la Terre du Milieu, Illuin au nord et Ormal au sud, de sorte qu’il régnait un jour permanent. Mais pendant qu’ils étaient occupés, Melkor se creusa en douce une forteresse dans le nord, Utumno, et de là fit ce qu’il pouvait pour corrompre ce qu’ils créaient et préparer ses armées de monstres, jusqu’au jour où il attaqua par surprise, fracassa les deux lampes et s’enfuit avant que les Valar ne puissent le capturer. Les Valar partirent alors s’installer à l’ouest, sur la terre d’Aman, qu’ils fortifièrent en l’entourant de montagnes, et où ils fondèrent leur royaume, Valinor. Là ils se lachèrent sur la déco, et en particulier Yavanna créa pour remplacer les lampes deux arbres, un argenté, Telperion, et l’autre doré, Laurelin, qui brillaient tour à tour. Et il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour, ou quelque chose d’approchant. C’est aussi à ce moment qu’Aulë créa les premiers nains; il n’avait pas le pouvoir de leur donner la vie, mais Ilúvatar la leur accorda, tout en les gardant en sommeil dans une caverne jusqu’à l’éveil des elfes. Yavanna était un peu jalouse, et craignait pour la sécurité de ses arbres; Ilúvatar créa donc pour elle les ents, et pour faire bonne mesure il créa aussi les aigles pour servir Manwë.

Pendant ce temps-là Melkor s’en donnait à coeur joie en Terre du Milieu, préparant ses armées à Utumno et créant pour Sauron la forteresse d’Angband, au nord-ouest de la Terre du Milieu, pour se protéger contre une éventuelle attaque des Valar. Mais l’heure de l’éveil des elfes approchait, et les Valar commençaient à se dire que ça la foutait mal de laisser la Terre du Milieu à Melkor, alors que c’est justement là que les elfes étaient censés arriver. Alors Varda créa de nouvelles étoiles histoire qu’ils aient un peu de lumière à leur arrivée. C’est alors que les elfes s’éveillèrent au bord du lac Cuiviénen; et au bout d’un moment Oromë les rencontra au cours d’une de ses parties de chasse, ramena la nouvelle en Valinor et les Valar se saisirent de ce prétexte pour aller foutre sur la gueule à Melkor. Utumno fut prise, Melkor capturé et condamné à rester emprisonné chez Mandos pendant trois âges (me demandez pas combien ça fait); mais les Valar n’exterminèrent pas toutes les bestioles qui étaient planquées dans les profondeurs d’Angband et d’Utumno, et en particulier ne retrouvèrent pas Sauron. Alors ils décidèrent d’inviter les elfes à venir les rejoindre pour se la couler douce en Valinor.

INTERLUDE MUSICAL:
cf. http://fan.theonering.net/writing/stories/files/andelin_aman.html

Nous voilà arrivés au moment de la séparation des différentes tribus des elfes; suivez bien, parce que ça va devenir technique. Les Valar, donc, invitèrent d’abord trois elfes en Valinor pour qu’ils puissent revenir raconter aux autres à quel point c’était cool comme endroit; et ces elfes s’appelaient Ingwë, Finwë et Elwë. Mais quand ils furent de retour, tout ne se passa pas aussi simplement:

  • certains elfes refusèrent de quitter Cuivénen, parce qu’ils se méfiaient des Valar (peut-être parce que Melkor leur avait raconté de sales histoires à leur sujet); ce sont les Avari, et on ne sait pas trop ce qu’ils sont devenus, sauf que c’est à partir de certains d’entre eux que Melkor a créé les orques. Eh oui les gars, la parano ne paie pas toujours.
  • ceux qui partirent constituent les Eldar à proprement parler, et ils se
    divisent en trois tribus:

    • Les premiers à partir, et les moins nombreux, étaient les Vanyar, le peuple d’Ingwë;
    • les suivants étaient les Noldor, le peuple de Finwë;
    • enfin vinrent les Teleri, les plus nombreux, avec à leur tête Elwë et son frère Olwë.

Notons que chacune des tribus des Eldar est plus ou moins associée à un Vala: Manwë (et Varda) pour les Vanyar, Aulë pour les Noldor, Ulmo pour les Teleri. Les Vanyar et les Noldor arrivèrent tous jusqu’aux mers de l’ouest, par contre pour les Teleri c’est plus compliqué: certains s’arrêtèrent avant de franchir l’Ered Luin, une grande chaîne de montagnes qui marque la limite de la région nord-ouest de la Terre du Milieu; ceux-ci devinrent les Nandor. Les autres arrivèrent bien à l’ouest, mais à ce moment-là Elwë, leur roi, fut porté disparu (note pour les puristes: je saisis l’occasion d’introduire un effet de suspens à deux balles totalement absent dans l’oeuvre originale, mais ne vous inquiétez pas, je reparlerai de lui plus tard). Et les Teleri, sous la direction d’Olwë, restèrent loin de la mer, ce qui fait qu’ils loupèrent le moment où Ulmo emmena les Vanyar et les Noldor en Valinor, en déplaçant une île, parce que c’est barbot, comme moyen de transport. Quand ils s’en aperçurent, les Teleri se sentirent quand même un peu cons, mais ils restèrent encore un moment en Terre du Milieu, s’installant au bord de la mer et apprenant pas mal de choses d’Ossë, un Maia vassal d’Ulmo qui traînaît par là. Mais au bout d’un moment, à la demande de Finwë qui voulait revoir ses amis Teleri, Ulmo revient les chercher; Ossë, qui était censé rester s’occuper des mers locales, essaya de les retenir, et effectivement certains restèrent et devinrent les Falathrim, les elfes des ports (sous la direction de Círdan); d’autres, attachés à Elwë, restèrent dans l’espoir de le retrouver. Enfin Ossë lança un dernier appel à ceux qui étaient partis et ils demandèrent à Ulmo d’arrêter le voyage, ce qu’il fit d’autant plus volontiers que lui-même n’était pas très chaud au sujet du rassemblement des elfes en Valinor; ils se retrouvèrent donc sur une île, Tol Eressëa (l’île solitaire), au large des côtes d’Aman; mais au bout d’un moment ils en eurent marre, et les Valar et les autres elfes avaient envie de les voir, alors Ulmo envoya Ossë leur apprendre la navigation et ils vinrent s’installer sur la côte est d’Aman.
Les elfes qui sont allés en Aman sont appelés collectivement les Calaquendi, ou elfes de lumière (parce qu’ils ont vu la lumière des arbres); les autre Moriquendi, ou elfes d’ombre. Notons qu’à cause de son premier séjour touristique Elwë est compté parmi les Calaquendi, même s’il ne s’est jamais installé.

INTERLUDE: Généalogie de la maison de Finwë

Comme on va beaucoup en parler par la suite, je vais faire un topo sur les principaux descendants de Finwë, qui sont nés pendant son séjour en Valinor. De sa première femme, Míriel, il a eu un fils, Fëanor, le plus grand torscheur universel que les elfes aient jamais connu; Míriel est morte peu après sa naissance, et plus tard Finwë se remaria avec une Vanya, Indis, dont il eut deux fils, Fingolfin et Finarfin. Fëanor devint rapidement le plus grand tailleur de gemmes de tous les temps; parmi ses oeuvres de jeunesses, on compte les palantíri. Il épousa Nerdanel, la fille d’un grand forgeron Noldo dont il apprit l’art de la forge, et en
eut sept fils: Maedhros, Maglor, Celegrom, Caranthir, Curufin, Amrod et Amras. On notera au passage que Curufin eut pour fils Celebrimbor, qui à l’instar de son grand-père fit carrière dans la bijouterie quelques millénaires plus tard.
Fingolfin eut deux fils, Fingon et Turgon, et une fille, Aredhel; Fingon fut le père de Gil-Galad et Turgon eut une fille unique, Idril; le cas d’Aredhel sera évoqué plus tard. Finarfin épousa Eärwen, la fille d’Olwë, et en eut quatre fils, Finrod, Orodreth, Angrod et Aegnor, et une fille, Galadriel, dont vous avez peut-être entendu parler. On notera au passage que seuls Fëanor et ses descendants sont des Noldor de pure race; Fingolfin et Finarfin ont du sang de Vanyar par leur mère, et les enfants de Finarfin sont de plus liés par le sang aux Teleri. D’ailleurs Fëanor ne s’entendait pas spécialement bien avec ses demi-frères, et comme son père avait aussi tendance à le préférer à eux, ça donnait une vie de famille particulièrement réjouissante.

DEUXIÈME PARTIE: Il revient et il n’est pas content.

Arriva le temps de la fin de la captivité de Melkor. Il supplia Manwë et compagnie de les pardonner, ce qu’ils firent, lui accordant la liberté surveillée en Valinor. Il se rendit utile, donnant des coups de main à qui en avait besoin et enseignant diverses choses aux Noldor. C’est à cette époque que Fëanor tailla les Silmarils: trois joyaux à l’apparence du diamant, renfermant les lumières mêlées des deux Arbres de Valinor, que Fëanor cherchait à préserver (ce en quoi il faisait montre d’une prévoyance fort à propos, comme on ne va pas tarder à le voir). Varda les bénit, de sorte qu’aucune créature maléfique ne puisse les toucher sans être brûlée (ça a l’air de rien, mais ça servira, je vous assure), et Mandos prédit que le destin d’Arda était lié à ces joyaux. Et Melkor vit que cela était bon, et que cela serait mieux dans sa poche que dans celle de Fëanor, mais celui-ci risquait de ne pas être d’accord. Signalons au passage que contrairement à ce que certains médisants prétendent, Fëanor n’avait rien appris de son art de Melkor, et qu’il l’a toujours détesté.
Donc Melkor commença à discuter gentiment avec les Noldor, hors de portée d’oreille des Valar, leur expliquant diverses choses: que les Valar les avaient amenés en Aman pour pouvoir les surveiller au lieu de les laisser dominer la Terre du Milieu tranquillement, et pour que les hommes (dont les elfes n’avaient pas encore entendu parler) aient le champ libre. Il en profita aussi pour jeter de l’huile sur le feu de la relation entre Fëanor et Fingolfin, accusant celui-ci de vouloir usurper l’héritage de celui-là. Enfin, il leur apprit la forge des armes. On sait jamais, au cas où, ça peut toujours servir.
A la suite de tout cela, il y eut une engueulade entre Fingolfin et Fëanor (Fingolfin accusait Fëanor de se prendre pour le roi des Noldor alors que Finwë était encore en vie, devant ledit Finwë) et Fëanor menaça Fingolfin de son épée; par ailleurs Fëanor, qui tenait à sa liberté, commençait à gueuler un peu fort contre les Valar; ceux-ci décidèrent donc qu’il serait exilé de Tirion (la capitale des elfes) pour douze ans. Il se cassa et se construisit une forteresse, Formenos; son père et ses fils l’accompagnèrent en exil (de sorte que Fingolfin se retrouva de facto roi des Noldor de Tirion) et bien sûr il emporta les Silmarils, parce que faudrait pas que déconner, non plus.
Melkor, qui commençait à se dire que ses magouilles allaient finir par se voir, s’enfuit on ne sait trop où; il fit un passage à Formenos pour expliquer à Fëanor que les Silmarils ne seraient pas en sécurité tant qu’ils seraient sur le territoire des Valar, et que s’il voulait bien les lui confier il connaissait justement une banque en Suisse qui était parfaite pour ce genre de choses, mais il se fit violemment contretester et s’enfuit vers le nord avant que les Valar ne se pointent.
Enfin, c’est ce qu’ils croyaient, car en fait après une feinte il s’était barré au contraire vers le sud (ce qui explique qu’ils aient eu du mal à le retrouver) pour retrouver une amie de trente ans à lui, Ungoliant. Elle, on ne sait pas trop ce que c’est, mais on suppose que c’est une des Ainur corrompues par Melkor avant la création du monde, plus ou moins une Maia de Melkor, donc, sauf qu’au niveau puissance, elle est plutôt à la hauteur des Valar. D’ailleurs ça faisait un moment qu’elle en avait eu marre de jouer les faire-valoir, et qu’elle s’était séparée de Melkor pour faire sa vie toute seule. Elle était incarnée sous forme d’une araignée géante, et passait sa vie à dévorer de la lumière. Quelqu’un d’éminemment sympathique, en somme. Melkor alla donc lui proposer de se joindre à lui pour jouer un petit tour de sa façon à ces chers Valar; comme elle n’était pas super motivée (elle ne tenait pas plus que ça à se faire remarquer), il lui promit tout ce qu’elle désirait pour calmer sa fringale après le succès de l’opération. Pendant ce temps, les Valar décidèrent de réunir tous leurs amis pour faire une petite fiesta et danser le menuet à l’ombre des arbres. Plein de gens intéressants (Maiar, Vanyar, Noldor de Tirion) vinrent; mais de Formenos, Fëanor vint seul, et encore parce que Manwë le lui avait ordonné, et (contrairement à son habitude dans les grandes occasions) sans les Silmarils. Il se réconcilia avec Fingolfin, pour la galerie, mais à ce moment rappliquèrent les deux invités surprises: Melkor et Ungoliant. Melkor perça les arbres de sa lance, et Ungoliant bût leur sève. Puis les deux compères s’éclipsèrent, profitant du fait que leurs adversaires avaient plus de mal dans l’obscurité qu’eux.
Yavanna fit alors remarquer qu’il y avait peut-être moyen de ramener les arbres à la vie, à condition de détruire les Silmarils, attendu qu’ils contenaient encore la lumière desdits arbres; à quoi Fëanor répondit qu’elle n’avait qu’à mieux surveiller ses affaires, et qu’il n’y avait pas de raison qu’il sacrifie ses Silmarils pour lui faire plaisir. Sur quoi un messager de Formenos vint leur apprendre que la discussion était un brin oiseuse, vu que Melkor était passé à Formenos récupérer le trésor de Fëanor, tuant Finwë au passage. Ce qui déplût doublement à Fëanor, qui quitta aussi sec l’assemblée, non sans avoir au préalable maudit Melkor, lui attribuant le sobriquet de Morgoth (le Noir Ennemi), que désormais tout le monde utilisa en lieu et place de son véritable nom, enfin à part moi, mais c’est par pur snobisme.
Leurs divers forfaits accomplis, Melkor et Ungoliant rejoinrent la Terre du Milieu. Là, Ungoliant rappela sa promesse à Melkor; celui-ci lui donna à bouffer, un par un, les joyaux de Formenos, mais quand il ne resta plus que les Silmarils il lui dit que quand même, elle abusait. Sur quoi Ungoliant, bien nourrie donc en pleine forme, le captura dans sa toile; mais les cris de Melkor s’entendirent jusqu’à Angband, et les balrogs qui y traînaient accourirent pour le délivrer et chasser Ungoliant (qui s’installa un moment au nord des royaumes elfiques, avant de partir on ne sait où; elle en profita pour se divertir avec les araignées géantes du coin, ce qui donna une descendance assez déplaisante d’où sortit plus tard Shelob). Melkor retourna donc à Angband, où il sertit les Silmarils dans ne couronne de fer (se brûlant les mains au passage, vous vous souvenez de la bénédiction de Varda ?) et reprit la tête des Forces du Mal. Notons au passage qu’il
perdit à ce moment la capacité de changer de forme – je suppose que c’est un effet secondaire de sa baston contre Ungoliant.
Pendant ce temps la vie reprenait vaguement son cours en Valinor; et Fëanor (maintenant roi des Noldor de droit) revint à Tirion, défiant le jugement des Valar, et fit un grand discours aux Noldor; en substance, il leur dit que Valinor sans les Arbres ça valait pas mieux qu’ailleurs, qu’il n’y avait aucune raison d’obéir aux Valar alors qu’ils n’étaient même pas foutus de protéger leur pays, que d’ailleurs Melkor était un Valar, et que s’ils avaient des couilles ils l’accompagneraient en Terre du Milieu pour établir leur propre royaume et se venger de Melkor. Puis lui et ses fils jurèrent par Ilúvatar qu’ils pourchasseraient à jamais toute personne autre qu’eux qui s’approprierait un Silmaril, quelle qu’elle soit. Il y eut de grands débats, d’où il sortit que la plupart des Noldor étaient plutôt d’accord, mais que beaucoup trouvaient que Fëanor comme roi, bof. Ainsi les Noldor partirent en deux groupes, un suivant Fëanor et un autre plus nombreux ayant pour chef Fingolfin, qui personnellement était contre l’idée mais ne voulait pas abandonner son peuple. Un messager de Manwë vint bien leur
manifester le mécontentement des Valar, mais Fëanor lui répondit d’aller se faire sodomiser par un balrog priapique, et qu’au moins lui il barbotait au lieu de rester planqué chez lui. Il continua donc et partit chez ses amis les Teleri pour leur demander gentiment de lui prêter leurs bateaux; devant leur refus, il les fit massacrer et s’empara des bateaux en question.
Mais alors que les Noldor s’éloignaient, ils croisèrent Mandos, qui leur tint à peu près ce langage: « VOUS ÊTES MAUDITS », et les bannit d’Aman. Quelques-uns des Noldor, menés par Finarfin, décidèrent bien de retourner sur leurs pas demander (et obtenir) le pardon des Valar, mais la plupart continuèrent (y compris les enfants de Finarfin, d’ailleurs). Puis se posa le problème de la traversée de la mer; Fëanor et les siens s’emparèrent sournoisement des bateaux, et Fingolfin et ses suivants en furent réduits à passer par le détroit gelé d’Helcaraxë, au prix de lourdes pertes. Notons qu’à ce moment les Valar mirent en place de lourdes protections magiques destinées à empêcher les Noldor de retourner en Aman.

DEUXIÈME PARTIE, LE RETOUR: Pendant ce temps, en Terre du Milieu

Nous avons laissé en Terre du Milieu un certain nombres de Teleri qui étaient sans nouvelle de leur roi, Elwë. Or celui-ci n’avait pas vraiment disparu; il était tout simplement tombé, au détour d’un sentier forestier, sur une charmante Maia du nom de Melian; et ils s’étaient suffisamment bien entendu pour décider de passer quelques années ensemble dans la nature, les yeux dans les yeux, la main dans la main et, euh, vous voyez, quoi. Or donc il advint qu’ils se fatiguèrent du paysage et décidèrent de voyager un peu pour changer; sur quoi Elwë retrouva son peuple et fut reconnu seul roi des Elfes de Terre du Milieu, avec Melian à ses côtés; et il prit le surnom de Thingol (Manteau Gris. Ça le fait assez peu, je suis d’accord, mais c’est pas à moi qu’il faut le dire). A cette époque aussi quelques nains vinrent fonder deux villes, Belegost et Bogrod, dans l’Ered Luin (leurs terres d’origines se situaient plus à l’est); ils commercèrent pas mal avec Thingol, qui se fit en particulier creuser un palais fortifié, Menegroth, dans la forêt de Doriath, et ce à l’incitation de Melian qui sentait que ça allait pas tarder à chier. A ce moment aussi une bande de Nandor passèrent l’Ered Luin sous la direction d’un certain Denethor, et s’établirent en Ossiriand
en tant que vassaux de Thingol. Il y eut une période de paix, après quoi Melkor revint à Angband; peu après des hordes d’orques déferlèrent sur le royaume de Thingol; elles furent repoussées par les efforts conjugués des Teleri, des nains et du peuple de Denethor; Denethor lui-même y passa, et les survivants de son peuple décidèrent de confier leurs vies à la security through obfuscation et se coupèrent du monde; on les appela les Laiquendi, les elfes verts. Suite à tout cela, Melian plaça autour de Doriath une barrière magique, la Ceinture de Melian, que nul ne pouvait passer contre la volonté de Thingol ou la sienne sans être guidé par un pouvoir supérieur au sien. C’est alors que les Noldor revinrent en Terre du Milieu.

PENDANT CE TEMPS:
Les Valar, qui trouvaient que ça commençait à bien faire avec les problèmes d’éclairage, se décidèrent pour une solution robuste; utilisant tous leurs pouvoirs de guérison, ils parvinrent à tirer une ultime fleur de Telperion et un ultime fruit de Laurelin, dont ils firent respectivement la Lune et le Soleil, qu’ils placèrent là où ils sont encore, hors d’atteinte de Melkor.
(Melkor qui apprécia d’ailleurs assez peu cette nouveauté, qui avait tendance à gêner ses sous-fifres; d’ailleurs lui-même ne sortit quasiment plus de chez lui à partir de ce moment.)
Et au moment du premier lever du soleil, dans un coin reculé de l’Est, les premiers hommes s’éveillèrent…

TROISIÈME PARTIE: Le siège d’Angband

A peine arrivés, Fëanor et les siens furent assaillis par surprise et par la chienlit melkorienne; de quoi il résulta essentiellement une production en masse de bouillie d’orques. Sur quoi Fëanor décida de pousser vers Angband pour aller régler son compte à Melkor dans les plus brefs délais; mais alors qu’ils approchaient les balrogs sortirent d’Angband à sa rencontre, et il fut mortellement blessé par Gothmog, leur capitaine, avant que ses fils ne puissent venir à sa rescousse. Il expira en maudissant Melkor et en exhortant ses fils à le venger, et son corps disparut, consumé par le feu de son âme, parce que c’est pas parce qu’on est mort qu’il faut s’arrêter de barboter. A ce moment, Melkor envoya un ambassadeur aux fils de Fëanor pour leur proposer de négocier la paix. Melkor et Maedhros se rencontrèrent donc, chacun accompagné d’une escorte munie de ses arguments les plus percutants et bien décidé à trahir l’autre; mais ce fut Melkor qui trahit le plus fort, et Maedhros fut capturé et enchaîné par le poignet au flanc du Thangorodrim, la montagne qui surplombait Angband. Fingolfin et le reste des Noldor arrivèrent à leur tour en Terre du Milieu; ils l’avaient plutôt mauvaise contre Fëanor et ses fils, mais Fingon, sentant que Melkor préparait une nouvelle attaque, se dit qu’il était peut-être temps de réconcilier les Noldor entre eux; et avec un coup de main, enfin d’aile, fort à propos de Thorondor, le roi des aigles, il partit délivrer Maedhros, et y réussit, même si Maedhros perdit une main dans l’affaire (Melkor n’avait pas prévu de possibilité de défaire la chaîne, n’en prévoyant pas l’utilité). Maedhros accepta alors de laisser la royauté des Noldor à Fingolfin, et tout ce beau monde s’entendit un peu moins mal.
Thingol ne vit pas d’un bon oeil l’arrivée des Noldor; il refusa l’accès de Doriath à tous ceux qui n’étaient pas de la maison de Finarfin (rappelons que la femme de Finarfin était sa nièce), et n’accepta de les laisser s’établir que dans les endroits pourris où ses sujets n’étaient pas déjà installés; ce que les Noldor prirent plus ou moins bien, mais ils acceptèrent quand même d’installer leurs royaumes dans lesdits endroits. Une cinquantaine d’années plus tard, Ulmo apparut en rêve à Finrod et à Turgon, leur recommandant d’établir des forteresses parce que, bon, fallait pas rêver, ça finirait bien par devenir indispensable; sur quoi Finrod fit creuser par les nains Nargothrond, qui devint sa capitale; mais à Turgon Ulmo révéla l’emplacement d’une vallée située au milieu d’un cercle de montagnes quasi-infranchissables, et Turgon commença à faire les plans de la ville qu’il y établirait. A la même époque, Melkor tenta une petite offensive pour tester les défenses des elfes; elle fut repoussée sans trop de problèmes, et les elfes établirent une ligne de défense autour d’Angband pour prévenir de futures attaques; ainsi commença le siège d’Angband, qui dura 400 ans (avec tout de même deux tentatives de sorties de la part de Melkor; c’est durant la deuxième qu’on vit pour la première fois Glaurung, le premier des dragons). Deux cent cinquante ans après le début du siège, Turgon acheva sa cité secrète, Gondolin; et il s’y retira avec ses gens, décrétant que nul ne serait autorisé à en sortir s’il connaissait le chemin pour y accéder. Mais au moment du déménagement Ulmo lui apparut pour lui dire qu’un messager viendrait l’avertir le jour où Gondolin serait menacée, et de laisser un casque, une cotte de mailles et une épée sur le site de son ancienne capitale à l’usage dudit messager, ce qui fut fait. Notons que c’est aussi à cette époque que Thingol apprit les circonstances du départ des Noldor d’Aman (par Galadriel, qui avait épousé un de ses sujets et s’était établie en Doriath), ce qui n’augmenta pas l’estime qu’il leur portait. [Là, normalement, vous êtes un peu confused sur la géographie des royaumes elfiques. C’est parfaitement normal, ne vous affolez pas, c’est juste que
je ne suis pas motivé pour faire une longue explication qui du reste serait probablement encore plus confusante. Une carte, en vente chez votre crémier
préféré, remplacera avantageusement une telle description.] Mais au bout de quelques années à Gondolin, Aredhel, la petite soeur de Turgon, qui l’avait accompagnée, en eut marre d’être enfermée et voulut revoir ses amis les fils de Fëanor. Turgon la laissa partir à regret et avec une escorte; le chemin le plus sûr aurait été de passer par Doriath, mais Thingol n’était pas d’accord, et donc elle choisit le chemin le plus direct, qui malheureusement passait à proximité du nouveau pied-à-terre d’Ungoliant. Là Aredhel fut séparée de ses compagnons, qui la croyant morte s’en retournèrent en Gondolin; mais elle continua jusqu’aux terres de Celegorm et Curufin. Malheureusement ceux-ci étaient momentanément absents, et au bout d’un moment elle en eut marre d’attendre et partit à l’aventure.
Ce faisant, elle se retrouva par hasard dans la forêt de Nan Elmoth, demeure d’Eöl, l’Elfe Noir, un parent de Thingol qui avait quitté Doriath au moment de l’établissement de la Ceinture de Melian et s’était retiré là; il avait peu de contacts avec les autres elfes, mais fréquentait beaucoup les nains, et était le meilleur des forgerons elfes. Eöl trouva Aredhel à son goût, et l’épousa; elle vécut avec lui un certain temps et lui donna un fils, Maeglin; mais un beau jour elle en eut marre (une impression de déjà vu ?) et s’enfuit avec son fils pendant qu’Eöl était en train de se bourrer la gueule avec les nains à Nogrod. Evidemment, Eöl se lança à leur poursuite, mais il ne les rattrappa qu’à leur arrivée à Gondolin; et à leur suite il atteint la cité. Turgon lui proposa de l’accueillir comme un parent, sous réserve bien sûr qu’il ne quitte plus Gondolin – le choix alternatif étant, comme de juste, la mort. Eöl dit qu’il n’avait pas l’intention de se soumettre à la loi d’un Noldor, et qu’il choisissait la mort pour lui et son fils; fils sur lequel, joignant le geste à la parole, il balança un javelot. Aredhel s’interposa, fut blessée, et mourut dans la nuit (le javelot était empoisonné. Dommage). Eöl fut condamné à mort et exécuté, mais Maeglin resta en Gondolin et entreprit de se prendre un râteau avec Idril, la fille de Turgon. Ça n’a l’air de rien, mais ça aura son importance plus tard. C’est à cette époque-là que pour la première fois des humains, menés par un certain Bëor l’Ancien, franchirent l’Ered Luin. Finrod, qui était en voyage touristique dans la région, tomba dessus et discuta longuement avec eux; il en ressortit notamment qu’il s’était passé des choses pas très catholiques à l’Est, il paraîtrait même que Melkor serait sorti en personne pour faire la connaissance des premiers hommes et leur inculquer ses visions politiques douteuses. Bëor et les siens s’installèrent sur les terres d’Amrod et Amras, même si Bëor lui-même finit sa vie à Nargothrond en compagnie de Finrod, qui du reste rendait souvent visite à son peuple. D’autres groupes d’humains arrivèrent peu après: les Haladin, qui s’installèrent sur les terres de Caranthir, et le peuple de Marach, qui s’installa à proximité de celui de Bëor; la plupart des gens de Bëor et de Marach migrèrent plus tard vers l’ouest. Notons que Thingol, lui, n’appréciait pas les nouveaux venus, et leur défendit de mettre les pieds en Doriath – même si Melian prédit aussi sec que le destin amènerait un jour un homme de la maison de Bëor au coeur
même du royaume. Notons que les humains, de leur côté, n’appréciaient pas uniformément d’être les vassaux des elfes – aidés en cela, vous l’aurez deviné, par divers espions sournoisement infiltrés par Melkor. Ceci dit, celui-ci trouva que ses tentatives de corruption n’avaient qu’un rendement médiocre, et envoya donc une armée d’orques aux Haladin, histoire de leur apprendre à vivre. Ladite armée fut repoussée avec moult pertes; puis les Haladin, sous la direction d’Haleth, la fille de leur chef mort au combat (oui, vous avez bien lu – une fille qui fait des choses. Impressionnant, non ?) partirent s’installer plus à l’ouest, dans la forêt de Brethil, immédiatement au nord-ouest de Doriath. Mais les bonnes choses ont toujours une fin, et après quatre cents ans Melkor en eut, à son tour, marre d’être enfermé; il envoya donc ses armées, Glaurung, balrogs, orques en multitudes innombrables et raton-laveur, à l’assaut des Noldor; et ce fut la Dagor Bragollach, la Bataille de la Flamme Soudaine. Y passèrent notamment Angrod et Aegnor, les fils de Finarfin, Bregolas, le chef de la maison de Bëor, et Hador, celui de la maison de Marach; et Finrod ne fut sauvé que par la bravoure de Barahir, le frère de Bregolas; d’ailleurs il jura amitié et assistance à Barahir et à sa famille, et lui offrit un anneau en gage de ce serment. Fingolfin, croyant que tout était perdu, décida de tenter le tout pour le tout: il partit seul à cheval pour Angband et là défia Melkor en combat singulier. Melkor accepta pour ne pas être ridicule devant ses sous-fifres, et il massacra Fingolfin, même si celui-ci parvint à le blesser sept fois avant de succomber. Ainsi Fingon devint roi des Noldor, et le nord de la Terre du Milieu se retrouva donc sous le joug melkorien, même si Barahir et une poignée de ses hommes restèrent harceler les Forces du Mal sur leurs anciennes terres. La vie reprit tant bien que mal, mais Melkor n’était plus retenu, donc plutôt mal que bien, en fait. A cette époque une nouvelle tribu d’hommes, les Orientaux, arriva de l’Est (logique, non ?); leurs chefs, Bor et Ulfang, devinrent vassaux respectivement de Maedhros et Maglor et de Caranthir; ce qui fit bien plaisir à Melkor, qui avait sournoisement corrompu Ulfang. A cette époque aussi Hurin et Huor, fils de Galdor, l’héritier d’Hador, faillirent être tués par un raid orque; mais ils furent sauvés par une
intervention jointe d’Ulmo et de Thorondor, qui les emporta à Gondolin. Ils s’entendirent bien avec Turgon, et y restèrent un an; après quoi Turgon accepta
de les laisser partir, vu qu’après tout ils ne savaient pas comment entrer en Gondolin à part à dos d’aigle.
Sept ans après la Dagor Bragollach, Melkor tenta de pousser son avantage, mais n’y arriva pas. A ce moment, Tolkien se rendit compte que tout ceci commençait à devenir bien glauque, et que le temps était venu d’un

INTERLUDE CHAMPÊTRE: Beren et Lúthien.

Vous vous souvenez de Barahir, dont je parlais pas plus tard qu’il y a 20 lignes; eh bien, j’ai une mauvaise nouvelle pour vous: il est mort, trahi par l’un de ses compagnons à qui Sauron, que Melkor avait chargé de l’affaire, avait promis en échange de lui rendre sa femme, soit-disant prisonnière dans les geôles fascistes; femme qui, soit dit en passant, était morte, mais Sauron, avec le sens moral aigu qui le caractérise, envoya bien son informateur la rejoindre. Barahir donc mourut, avec tous ses compagnons sauf un, son fils Beren, qui était justement en train d’espionner les Forces du Mal à ce moment. Il poursuivit les orques responsables, et tua leur chef, lui reprenant la main de son père, qu’il emmenait à Sauron comme preuve de sa réussite, et l’anneau que Finrod lui avait donné. Beren passa quatre ans seul dans la forêt à faire chier les sbires de Melkor; mais enfin il s’enfuit, et arriva en Doriath, traversant la Ceinture de Melian comme si de rien n’était. Là il tomba sur Lúthien, la fille de Thingol et Melian, censément la plus jolie fille de l’histoire de la race elfique (au passage, pour ceux qui se poseraient la question, elle était brune). Et ils se plurent bien, et se fréquentèrent en secret pendant un certain temps, jusqu’à ce que Daeron, le ménestrel de Thingol, qui courait après Lúthien depuis des temps immémoriaux, découvre le pot aux roses et aille prévenir Thingol. Celui-ci, dont on se rappelle l’amour immodéré pour les étrangers en général et les humains en particulier, le prit assez mal, et fit convoquer Beren (sa fille ayant obtenu qu’il ne le fasse ni emprisonner ni exécuter). Il demanda à Beren ce qu’il cherchait dans son royaume, ce à quoi Beren répondit qu’il désirait la main de Lúthien. Thingol s’énerva encore plus, et malgré les conseils de Melian qui tentait de le pousser à plus de modération, dit en substance à Beren: « Ah elle te plaît, ma fille ? Eh bien, comment dire… Les Silmarils, tu situes à peu près ? Melkor, couronne, tout ça. Eh bien tu m’en rapportes un, et tu as le droit d’épouser Lúthien. Et je te fais un prix, là, encore. » A quoi Beren acquiesça, et il s’embarqua dans la pire quête à la con de l’histoire de la Terre du Milieu.
Beren partit d’abord demander l’aide de Finrod, au nom du serment prêté à son père; et Finrod abandonna son trône à son frère Orodreth pour venir avec lui. Malheureusement, Celegorm et Curufin, qui étaient en visite à Nargothrond à ce moment, eurent ainsi vent de la quête de Beren; inutile de dire que ça ne leur plaisait que très modérément. Finrod et Beren se mirent donc en route vers Angband avec dix compagnons; et la première étape de leur voyage était Tol-en-Gauroth, le nouveau pied-à-terre de Sauron, qui y vivait en compagnie de ses animaux de compagnie, des loups-garous d’un pedigree d’autant plus irréprochable que parmi eux figurait Draugluin, père de tous les loups-garous. Là Finrod et Sauron se livrèrent un duel de sorcellerie, à coups de chants, comme au bon vieux temps, pas une vague baston à coups de murs comme certains Panoramix de seconde zone le feraient quelques millénaires plus tard; et Sauron gagna. Il enferma la joyeuse compagnie dans son donj, où il en donnait un en pâture à ses loups chaque jour, pour inciter les autres à être plus coopératifs. Au même moment, Lúthien s’enfuit de Doriath contre la volonté de son père pour aller rejoindre Beren. Elle tomba sur Celegorm et Curufin; et Celegorm la trouva fort à son goût, et décida de la garder pour lui. Mais Lúthien parvint à s’enfuir avec l’aide du chien de Celegorm, Huan, qui lui avait été offert par Oromë en Valinor et qui était un mec bien, pour un chien. Pendant ce temps la conversion en pâtée pour loup de Beren et de ses compagnons suivait son cours, au point qu’il ne restait plus que Beren, Finrod s’étant interposé au moment où il allait se faire bouffer. C’est alors que Lúthien et Huan arrivèrent devant Tol-en-Gauroth. Sauron leur envoya tous ses loups-garous les uns après les autres, et ils se firent torcher, Draugluin le dernier; faut dire qu’il était prédit que Huan ne pourrait être tué que
par le plus terrible des loups à jamais fouler la Terre du Milieu. Sauron, se souvenant de cette prophétie, mit au point un plan digne de Wile E.
Coyote dans ses meilleurs jours: il se changea en loup-garou pour aller lui-même latter Huan. Bien essayé, mais non; il s’enfuit vers Angband en
abandonnant son corps, et par la même occasion sa forteresse. Lúthien consola alors Beren de la perte de Finrod, cependant que Huan retournait
chez son maître Celegorm. Ceci dit, au bout d’un moment, Beren se souvint de sa quête, et fit mine de partir. A ce moment débarquèrent Celegorm et Curufin; ils ratèrent magistralement une tentative d’enlèvement de Lúthien, trahis une fois de plus par Huan, même si Beren fut salement blessé par une flèche que Curufin avait décoché vers Lúthien. Ceci dit Lúthien parvint à le soigner Grâce A La Force De Son Amour(tm); après quoi il s’enfuit en secret, ne souhaitant pas qu’elle le suive jusqu’à Angband; mais elle s’en aperçut et le rejoint à dos de Huan. Ils se déguisèrent alors, lui avec la peau de Draugluin et elle avec celle d’une chauve-souris géante qui servait de messager à Sauron, et partirent pour Angband (sans Huan). Là ils rencontrèrent, montant la garde devant les portes, Carcharoth, un loup-garou que Melkor avait mis au point spécialement dans ses labos de génie génétique pour latter Huan. Lúthien réussit à l’endormir grâce à un super-pouvoir que même elle ne savait pas qu’elle possédait, et ils descendirent jusqu’à la salle du trône de Melkor. Là Melkor se dit que Lúthien était BONNE, et que, dûment équipée de menottes en bronze, elle complèterait à merveille la déco de la salle; et il la regarda pendant assez longtemps pour qu’elle invoque à nouveau, en chantant, ses super-pouvoirs. Alors il tomba inconscient, et Beren en profita pour récupérer un des Silmarils; il les aurait bien tous pris, mais malheureusement son Laguiole se cassa après le premier, et puis Melkor menaçait de se réveiller. Sur le chemin du retour, ils rencontrèrent Carcharoth, de nouveau bien réveillé; Beren tenta de le repousser à l’aide du Silmaril, en réaction à quoi Carcharoth bouffa ledit Silmaril avec la main qui le tenait. Silmaril
qui, rappelez-vous la bénédiction de Varda, lui fila illico un ulcère à tuer les ours, ce qui ne fit rien pour apaiser son caractère déjà passablement hargneux, et il s’enfuit droit devant lui en massacrant tout sur son passage.
Beren et Lúthien étaient dans un sale état; mais les aigles, spécialistes mondialement reconnus du deusexmachinisme, les emmenèrent loin d’Angband; et Huan les rejoint, et lui et Lúthien soignèrent la blessure de Beren, et tout alla pour le mieux. Jusqu’à ce que Beren se souvienne encore une fois de sa quête, et décide de retourner voir Thingol. La conversation qui eut alors lieu se résume à peu de choses près à ce qui suit:
– Et alors, mortel, ce Silmaril, il vient ?
– Il est dans ma main, là.
– Euh, et ta main, elle est où au juste ?
– Test.
Ceci dit, Thingol le prit plutôt bien, et accorda enfin à Beren la main de sa fille. Mais Carcharoth, toujours en proie à son ulcère, arriva dans le coin et commença à faire pas mal de dégâts; et Thingol et Beren prirent la tête d’une troupe de chasseurs pour aller lui régler son compte. Dans la baston qui s’ensuivit, Carcharoth et Huan s’entretuèrent, et Beren fut blessé à mort; et comme ça commençait à faire beaucoup de guérisons miraculeuses, il mourut effectivement. Ce sur quoi Lúthien se laissa mourir à son tour. Là, normalement, vous vous dites: « Mais euh, il avait dit que ça allait
être moins glauque, c’est vraiment trop injuste ». Mais ne craignez point, fidèles lecteurs, car ce n’est pas fini. Beren et Lúthien se retrouvèrent donc chez Mandos (eh oui, vous voyez bien que ça servait à quelque chose, ces explications mythologiques à la con), et là Lúthien réussit ce que personne avant elle, ni après d’ailleurs, n’avait réussi: apitoyer Mandos, qui avait pourtant un sale caractère. Celui-ci alla donc prévenir Manwë, qui alla prévenir Ilúvatar, et on offrit un choix à Lúthien: soit elle restait éternellement avec les Valar à danser le menuet en Valinor, soit elle devenait humaine et était renvoyée en Terre du Milieu avec Beren. Elle choisit la deuxième solution (là, normalement, on entend dans un coin de la salle un Ska qui râle); et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Euh non, un seul, en fait. Voilà, vous voyez bien que ça finissait bien.
Bon, fini la guimauve, maintenant ça va chier.

QUATRIÈME PARTIE: Maintenant, ça va chier.

Apprenant que Beren avait réussi dans sa quête, Maedhros se dit que latter Melkor, finalement, ça devait pas être la mer à boire, et commença donc à rassembler une armée à cet effet. Evidemment, les fils de Fëanor n’étant pas forcément monstrueusement populaires partout, il n’obtint pas le succès qu’il espérait; Orodreth, qui avait succédé à Finrod à Nargothrond, et Thingol refusèrent de venir à son aide. (notons que Thingol, suite à la mort de Carcharoth, avait finalement récupéré son Silmaril, ce qui ne contribuait pas à améliorer ses relations avec lesdits fils de Fëanor). Par contre il obtint l’appui de Fingon et des nains, et évidemment de ses vassaux humains et de ceux de ses frères. Ils attaquèrent dont Angband, Fingon par l’ouest et Maedhros par l’est. Ceci dit, je rappelle que parmi les vassaux humains des fils de Fëanor il y avait les fils d’Ulfang, traîtres acquis à la cause de Melkor; lesquels se chargèrent de retarder l’avance de l’armée de Maedhros pour casser la belle synchro de l’attaque. Par contre, coup de bol inattendu, Turgon décida que c’était le moment de sortir se dégourdir un peu les jambes, et donc l’armée de Gondolin passa à l’attaque au même moment. L’armée de Fingon, menée par des officiers un peu trop zélés, fonça jusqu’aux portes d’Angband, où elle rencontra le gros des troupes de Melkor; et ainsi commença Nirnaeth Arnoediad, la bataille des Larmes Innombrables. La bataille fut sauvage, et l’issue n’en fut déterminée que par la trahison des fils d’Ulfang, qui se retournèrent contre les Noldor au moment critique – ceci dit, il y a une justice, ils ne survécurent pas longtemps. Lors de cette bataille mourut Fingon, abattu par Gothmog, chef des balrogs, qui commençait à se faire une place sympathique dans le tableau des scores des légions melkoresques. Turgon par contre réussit à s’enfuir jusqu’à Gondolin, grâce au courage d’Húrin et Huor, qui proposèrent de couvrir sa retraite. Huor fut tué, ce qui au fond était plutôt une bonne idée ainsi qu’on pourra le constater par la suite; mais Hurin, se retrouvant dernier survivant de sa troupe et au beau milieu de la garde personnelle de Gothmog, prit une grande hache et se reconvertit dans l’abattage de trolls à la chaîne, remportant un succès remarquable puisque pas moins de 70 trolls y passèrent avant qu’il ne soit capturé. Après ce succès, Melkor se lança dans l’invasion de la Terre du Milieu, ravageant notamment les ports de Círdan et des siens (qui partirent, enfin les survivants, se réfugier en lieu plus ou moins sûr
sur l’île de Balar); mais il ne connaissait toujours pas l’emplacement de Gondolin, ce qui l’énervait d’autant plus que Turgon était désormais roi des Noldor, et donc qu’il comptait bien lui régler son compte le plus vite possible. (note: Gil-Galad, le fils de Fingon, était toujours vivant; son père l’avait envoyé chez Círdan pour le protéger, et il survécut aux attaques des légions melkoresques. Donc en toute logique c’est lui qui aurait du devenir roi à la mort de son père. Moi non plus, je ne comprends pas, j’avoue). Melkor, donc, en voulait beaucoup à Turgon; et comme il avait sous la main Húrin, qu’il savait être l’ami de Turgon, il décida de se passer les nerfs sur lui. (enfin, au départ il comptait l’interroger pour découvrir l’entrée de Gondolin, mais devant sa réponse (« Melkor, t’es qu’un pédé », en gros) il passa à autre chose). Il l’enchaîna donc sur le Thangorodrim, et jeta un sort qui l’obligeait à voir et entendre tout ce que lui, Melkor, percevait; après quoi il s’employa à pourrir la vie de sa famille, avec l’efficacité que l’on va voir.
Car Húrin avait une famille: une femme, Morwen, un fils, Túrin, et une autre fille en cours de fabrication au moment où il partit pour la Nirnaeth Arnoediad, Nienor. Après la victoire de Melkor, les terres des fils de Galdor furent occupés par des Orientaux dévoués aux Forces du Mal; mais ils n’osaient pas trop martyriser Morwen. Ceci dit, sa situation n’était quand même pas spécialement enviable, et elle décida d’envoyer son fils en sécurité à Doriath (elle était parente de Beren). Túrin fut adopté par Thingol, qui tenta même plus tard d’inviter Morwen et Nienor à le rejoindre, mais Morwen refusait de quitter la maison de son mari; et au bout d’un moment les messagers qu’on lui envoyait ne revinrent plus. Túrin décida alors de partir lutter contre le Mal aux côtés de Beleg, le chef des gardes de Thingol; et il resta trois ans à combattres dans les marches de Doriath. Puis il revint, âgé de vingt ans; mais il avait oublié de prendre soin de son look, ce que ne manqua pas de lui faire remarquer Saeros, un Nandor proche du roi et qui était un tantinet jaloux du fils adoptif de Thingol. La querelle dégénéra un peu, et Saeros finit par mourir accidentellement; et Túrin, craignant la colère de Thingol, s’enfuit pour rejoindre une bande de hors-la-loi qui sévissaient à l’ouest de Doriath. Beleg alla expliquer la situation à Thingol, qui était tout à fait prêt à pardonner Túrin; puis il lui demanda la permission de partir à la recherche de celui-ci, qui lui fut accordée. Beleg retrouva Túrin, et lui proposa de revenir avec lui latter de l’orque comme au bon vieux temps; mais Túrin avait du ménage à faire ailleurs, et ils se séparèrent. Beleg retourna à Menegroth, et demanda à Thingol de le laisser retourner auprès de Túrin; Thingol non seulement ne se fit pas prier, mais lui offrit en plus un cadeau d’au revoir: Anglachel, une épée noire forgée jadis par Eöl – même si Melian, qui avait un petit côté Cassandre à l’occasion, l’avertit que cette épée avait probablement hérité du caractère peu aimable de son forgeron. Pendant ce temps, Túrin et ses compagnons étaient tombés sur un groupe de trois nains, et avaient capturé l’un d’eux, Mîm (mais où donc ai-je déjà vu ce nom ?). En guise de
rançon, Mîm consentit à les laisser occuper sa demeure – qui avait été construite par les Petits Nains, un clan de nains jadis exilés de l’Est et dont Mîm et ses deux fils étaient les seuls survivants. Enfin, plus tellement pour l’un des fils, qui avait été abattu par l’un des hommes de Túrin pendant qu’il s’enfuyait. Túrin et ses compagnons établirent donc leur camp de base chez Mîm, où Beleg les rejoint – ce que Mîm, qui n’aimait pas les elfes, prit assez mal. La joyeuse bande se mit donc à harceler avec violence et préméditation tous les pauvres orques qui passaient dans le coin, ce qui eut l’effet secondaire intéressant de révéler à Melkor la présence dans le coin du fils d’Húrin (qui croyait malin de porter fièrement le Heaume-Dragon de Dor-Lomin, héritage de la maison de Hador, qui n’était pas ce qu’on pouvait imaginer de mieux question discrétion.) Melkor envoya donc ses espions, et Mîm et son fils survivant furent capturés alors qu’ils étaient sortis faire les courses; et en échange de sa vie il proposa de les guider jusqu’au repaire de Túrin, à condition
qu’ils épargnent ce dernier. Les compagnons de Túrin furent massacrés, mis à part Beleg qui fut laissé grièvement blessé mais parvint à se remettre; et
Túrin fut capturé; fait remarquable, les orques laissèrent effectivement la vie sauve à Mîm. Beleg partit à la recherche de Túrin, et avec l’aide de
Gwindor, un elfe qui avait été fait prisonnier lors de la Nirnaeth Arnoediad et s’était enfui du goulag de Melkor, il rattrappa les orques en vue du
Thangorodrim, leur massacra sournoisement leurs sentinelles et libéra Túrin. Enfin, il commença à couper ses liens avec Anglachel, mais il fit un faux
mouvement et le blessa au pied; et Túrin se réveilla et, croyant avoir en face de lui un orque venu le torturer, s’empara de l’épée et l’occit aussi sec. A la
faveur d’une tempête providentielle, Túrin et Gwindor parvinrent à échapper aux orques (enfin, disons plutôt que les orques paniquèrent et que quand la tempête
se calma ils se dirent qu’ils n’avaient aucune chance de les retrouver, alors que Túrin était toujours en train de chialer à côté du corps de Beleg.) Gwindor et Túrin enterrèrent Beleg; puis Gwindor parvint tant bien que mal à tirer Túrin des affres de sa décrépitude glauque, lui remit Anglachel pour qu’il l’utilise pour continuer à taper sur les servants de Melkor; et ils se mirent en route vers le sud, jusqu’au moment où ils furent trouvés par une patrouille d’elfes et emmenés à Nargothrond, d’où Gwindor était originaire. Après que Gwindor ait été reconnu par Finduilas, la fille du roi Orodreth avec qui il entretenait une liaison passionnée avant son départ à la guerre, il fut accueilli par les siens, ainsi que son compagnon; mais celui-ci refusait de décliner son identité, et il devint connu pour ses prouesses au combat sous le nom de Mormegil, l’Épée Noire. Finduilas se rendit vite compte qu’alors que Gwindor n’était plus qu’une épave, Túrin-Mormegil était grand, beau, fort et viril; et elle se mit donc à lui courir après, ce qui ne lui faisait du reste ni chaud ni froid (ça doit être le seul cas connu d’elfe s’étant pris un râteau avec un humain, ça, si je ne m’abuse); et Gwindor, qui n’appréciait que modérément cette situation, lui révéla l’identité secrète du nouveau super-héros de Nargothrond, ce que Túrin lui-même n’apprécia guère. Túrin redonna donc un nouveau souffle à la résistance contre Melkor dans
cette région; grâce à quoi Morwen et Nienor purent s’enfuir vers Doriath, où elles demeurèrent bien qu’elles aient été fort déçues de n’y point trouver Túrin. Mais au bout d’un moment Melkor s’énerva et envoya une grande armée menée par Glaurung contre les hommes de la forêt de Brethil; et Túrin, qui ne savait pas résister à la provocation, mena contre eux les armées de Nargothrond. Lors de la bataille qui s’ensuivit, Orodreth et Gwindor moururent; et Gwindor, agonisant, demanda à Túrin de retourner à Nargothrond, qui devait être la prochaine cible de l’armée melkorienne, et de sauver Finduilas; faute de quoi son destin funeste l’attraperait, si j’ose m’exprimer ainsi. Túrin partit donc à toute vitesse vers Nargothrond; mais le sac de la ville s’achevait quand il y arriva. Il s’énerva, et tenta de se frayer un chemin vers le troupeau de jolies elfettes qui devaient être emmenées en esclavage à Angband; mais là il croisa Glaurung, qui le paralysa d’un regard, et le nargua pendant que les captives étaient emmenées, lui faisant remarquer qu’après avoir abandonné sa mère et sa soeur, tué son meilleur ami et emmené les armées de Nargothrond à leur perte, il était en train de laisser partir la demoiselle elfe qu’il était censé protéger; et que son père serait déçu quand il apprendrait à quel point son fils était un louzeur, ce que Melkor se ferait une joie de lui raconter dans les détails. Puis quand les captives furent parties Glaurung le libéra, et Túrin se rua à l’attaque. Ce que voyant Glaurung lui dit à peu près « Toi au moins t’es pas un pédé, tu me plais bien, petit. Mais bon, plutôt que de te suicider, tu penses pas que tu pourrais t’occuper de retrouver ta mère et ta soeur ? Ou la demoiselle Finduilas, peut-être ? A toi de choisir, petit, et amuse-toi bien ! ». Túrin partit donc vers le nord, vers l’endroit où il croyait que sa mère et sa soeur demeurait encore; et il apprit qu’elles étaient parties. Il partit alors à la recherche de Finduilas; il tomba sur une bande de survivants des hommes de Brethil, qu’il sauva d’une attaque d’orques, et qui lui apprirent la mort de la demoiselle en question. Il s’installa donc avec eux, tentant d’oublier son passé, même s’il se faisait encore quelques orques de temps en temps, parce que bon. La nouvelle de la chute de Nargothrond parvint à Doriath; mais personne ne savait trop ce qu’était devenu Mormegil, et Morwen décida de partir à la recherche de son fils; et Nienor la suivit discrètement. Mais Glaurung veillait; il se dirigea donc vers elles et fit se lever une vapeur qui dispersa les elfes qui les accompagnaient. Puis il rejoint Nienor et, ayant appris qui elle était, lui jeta un sort qui lui fit perdre la mémoire. Les elfes la retrouvèrent et voulurent la ramener à Doriath; mais ils subirent une attaque d’orques, et elle s’enfuit à toutes jambes en arrachant ses vêtements, pour faire remonter l’audimat. C’est ainsi qu’elle fut retrouvée par Túrin et ses hommes – sur la tombe de Finduilas, parce que le Destin
est joueur. Ils la recueillirent donc, et Túrin lui donna pour nom Níniel, la fille des larmes; et ils tombèrent amoureux, avec plein de petits coeurs roses autour, comme dans les films; mais Brandir, le chef des hommes que Túrin avait rejoint, aimait aussi Níniel. Apprenant tout ça, Glaurung se dit qu’il y avait encore moyen de s’amuser, et se dirigea vers leurs terres en ravageant tout sur son passage. Túrin proposa de former un commando pour aller régler son compte au gros lézard une fois pour toutes; les volontaires ne se pressaient pas, d’ailleurs un gros lourd ne trouva rien de mieux à faire que de faire remarquer le manque de cran de Brandir, qui le prit mal; mais finalement Túrin partit avec deux compagnons. Peu de temps après, Níniel, qui ne tenait plus le suspens, partit à sa suite avec bon nombre d’hommes – et Brandir, déprimé de voir que personne ne faisait attention à lui, les suivit. Túrin retrouva donc Glaurung et le tua (le coup
classique du « je me planque dans un ravin, j’attends que le dragon passe au-dessus et je l’éventre »); mais il s’évanouit, sous le double coup du regard sournois et du sang corrosif du dragon. Là Níniel le retrouva, et le crut mort; et Glaurung agonisant lui rendit la mémoire, et elle comprit qu’elle était enceinte de son frère; et elle se jeta du haut de la falaise la plus proche. Mais Túrin se réveilla, et rejoint les hommes qui l’avaient suivi, et à qui Brandir (qui avait suivi Níniel et donc avait tout vu et tout entendu) était en train d’apprendre la triple nouvelle de sa mort, de celle de Glaurung et de celle de Níniel. Túrin ne fut pas content d’apprendre qu’il était mort, et encore moins d’apprendre que sa copine l’était aussi, et qu’en plus c’était soi-disant sa soeur; et il accusa Brandir de répandre sans le moindre sens critique les ragots infondés de Glaurung, le buta et partit. Mais il tomba sur des elfes de Doriath, qui lui apprirent la disparition de sa soeur; alors il comprit que ce que racontait Brandir était vrai, et partit se jeter sur son épée. Melkor, assez content de lui sur ce coup-là, relâcha alors Húrin, soi-disant par pitié. Húrin tenta de retourner à Gondolin en appelant les aigles, mais le temps que la demande soit transmise par la voie hiérarchique à Turgon et que sa réponse revienne, il était déjà parti; ceci dit, dans l’affaire, Melkor avait gagné une idée assez précise de l’emplacement du royaume caché. Húrin se dirigea alors vers la tombe de Túrin et Nienor; il y retrouva Morwen sa femme, qui avait eu la même idée que lui; et elle mourut là, et il l’enterra avec eux. Húrin prit alors la route de Nargothrond; et dans les ruines il retrouva Mîm, qui était en train de piller tel le porc, et le trucida. Il partit alors vers Doriath, n’emmenant du trésor de Nargothrond que le Nauglamír, le Collier des Nains, jadis façonné pour Finrod par ses amis nains. Il le remit à Thingol, le remerciant pour l’excellente façon dont il avait pris soin de sa femme et de ses enfants – avec une ironie tellement peu dissimulée qu’elle n’était même plus ironique. Mais Melian lui fit remarquer qu’il était en train de les accuser injustement, ce qui faisait sans doute beaucoup rigoler Melkor; et il s’en rendit compte, reprit ses paroles (mais pas le collier) et partit à son tour se suicider. C’est une véritable épidémie, dans cette famille, ça doit être héréditaire. Thingol se dit alors que c’était pas mal, ce collier, mais que ça serait encore mieux avec un Silmaril au milieu, et que justement il en avait un qui ne lui servait à rien; et il confia le boulot à une bande de nains qui étaient de passage chez lui. Ceux-ci s’acquittèrent de leur tâche; mais au moment où Thingol vint reprendre l’objet, ils lui firent remarquer que ce collier, c’était une oeuvre des nains, à la base, et qu’ils l’avaient filé à Finrod mais que bon, maintenant qu’il était mort ils pouvaient bien le récupérer. Et Thingol répondit: « Non mais vous vous prenez pour qui, les gnomes, là ? Vous en voulez à mon Silmaril, hein, c’est ça ? Est-ce que c’est des façons de parler à un roi elfe, d’abord, hein ? Euh, au fait, on vous a déjà dit que vous étiez nombreux, les gars… Pourquoi j’ai l’impression d’être seul, là ? Parce que je le suis, c’est ça ? Non, non, je déconnais, soyez cool les gars, rangez vos haches, non, noooon, AAAAAAAAARGH. » Les nains s’enfuirent, et furent rattrappés et exterminés par les elfes; mais deux parvinrent à rentrer chez eux, où ils expliquèrent que Thingol les avait fait traîtreusement massacrer pour ne pas avoir à payer ses dettes. Pendant ce temps Melian, ayant perdu son mari, se dit qu’elle n’avait plus grand-chose à faire là; et elle repartit en Valinor, laissant Doriath sans protection magique. Sur quoi une armée de nains déferla sur le royaume, massacrèrent tout le monde et repartirent avec le Nauglamír. Ceci dit, ils furent attaqués en chemin par les Elfes Verts, menés par Beren et Lúthien; et
pendant un moment Lúthien porta le Nauglamír, ce qui formait un tableau d’un intérêt esthétique certain. Cependant Dior, le fils de Beren et Lúthien, partit pour Doriath avec femme et enfants pour essayer de reconstruire le royaume; et après quelques années un seigneur des Elfes Verts lui rapporta le Nauglamír, et il sut que ses parents étaient morts; et le collier lui revint. Collier qui, faut-il le rappeler, s’ornait désormais d’un Silmaril; et apprenant cela les fils de Fëanor lui envoyèrent des messagers pour réclamer qu’il leur soit remis. Devant son refus, ils se lancèrent à l’attaque. Lors de cette bataille moururent Caranthir, Celegorm et Curufin; et dans l’autre camp Dior, Nimloth sa femme, et ses deux fils Eluréd et Elurín (bon, en fait stricto sensu ces deux-là ne sont pas morts durant la bataille, ils étaient d’ailleurs un peu jeunes pour y participer; ce sont les hommes de Celegorm qui les ont abandonnés dans la forêt pour qu’ils y crèvent de faim, et Maedhros, qui désapprouvait, ne parvient pas à les retrouver à temps). Ainsi tomba le royau me de Doriath; mais une poignée de survivants, parmi lesquels Elwing, la fille survivante de Dior, s’enfuirent avec le collier pour se réfugier plus au sud, à l’embouchure du Sirion. Rappelez-vous: Húrin avait un frère, Huor. Celui-ci avait un fils, qui en toute logique se nommait Tuor. Tuor, après la Nirnaeth Arnoediad, avait vécu aux soins des elfes jusqu’à l’âge de seize ans; après quoi il avait été capturé et réduit en esclavage par les vils Orientaux. Mais il s’était évadé au bout de trois ans; et dans ses pérégrinations il arriva au bord de la mer. Là il vécut un moment, et il découvrit les ruines de l’ancienne capitale de Turgon (mais si, vous vous en souvenez ! Allez, un petit effort…)
et dans ses ruines les armes qu’Ulmo avait ordonné à Turgon d’y laisser (vous vous en souvenez, maintenant ?), qui se trouvèrent lui aller parfaitement. Alors Ulmo lui apparut et lui ordonna de se rendre en Gondolin, ce qu’il fit, avec un elfe que le Vala lui avait donné comme guide. Tuor se retrouva donc devant Turgon, qui le reconnut à ses armes comme le messager d’Ulmo. Il le prévint qu’il était peut-être encore bien dans sa jolie ville de planqué, mais que la merde commençait à s’approcher dangereusement du ventilo et qu’il ferait mieux de se barrer tant qu’il en avait encore la possibilité; mais Turgon, casanier et un rien trop sûr de lui, n’en fit rien. Tuor, qui aimait bien les elfes, s’installa en Gondolin; et au bout de sept ans il épousa Idril, la fille de Turgon, qui lui donna un fils, Eärendil. C’est à cette époque qu’Húrin libéré tenta de rentrer en Gondolin; et Idril, qui avait compris que Melkor avait du surveiller tout ça,
fit préparer un passage secret pour pouvoir s’enfuir en cas de nécessité. Et la nécessité se présenta: Maeglin, le fils d’Eöl, encore un dont vous avez oublié jusqu’au nom, mais je vous assure que j’en ai déjà parlé, Maeglin donc, fut capturé par des orques alors qu’il traînait hors de Gondolin; et poussé par une combinaison subtile de sa jalousie envers Tuor (rappelons qu’il courait après Idril depuis quelques siècles) et des tortures dont Melkor a le secret, il indiqua à Melkor l’entrée de la cité (contre la promesse qu’il obtiendrait la main d’Idril et la royauté de Gondolin – franchement naïf, le petit, ça en serait presque touchant.) Remarquons au passage que la chute de Gondolin contre laquelle Tuor était venu mettre en garde Turgon se produit à cause de la présence dudit Tuor. les voies d’Ulmo sont impénétrables.
Ainsi les hordes de Melkor déferlèrent sur Gondolin; Turgon mourut, la brillante carrière de Gothmog fut brutalement interrompue par sa rencontre avec Ecthelion, le capitaine de la garde (et réciproquement d’ailleurs), et Maeglin fut tué par Tuor. Alors Tuor, Idril, Eärendil et quelques autres s’enfuirent par le passage secret dont il était question il y a peu, et rejoinrent Elwing et les siens; et Gil-Galad devint Haut Roi des Noldor. Quand Tuor se sentit devenir vieux, il s’embarqua avec sa femme en direction d’Aman; et nul ne sait ce qu’ils devinrent, même si certains disent que Tuor, seul parmi les humains, a partagé le destin des Elfes. Vous voyez ce que je voulais dire quand je disais que c’était une bonne idée pour Huor de se faire tuer plutôt que capturer, maintenant ?
Eärendil épousa Elwing, et devint le seigneur de son camp de réfugiés; et Círdan et les siens entrèrent en contact régulier avec eux. Eärendil se construisit un bateau avec l’aide de Círdan, et il passait une bonne partie de son temps en mer. Et pendant une de ses absences Maedhros apprit qu’Elwing était encore vivante et en possession du Silmaril; et il envoya des messager exigeant que ledit Silmaril lui soit remis, et devant le refus d’Elwing les fils de Fëanor attaquèrent le camp. Ils vainquirent, même si Amrod et Amrad y restèrent; mais Elwing préféra se jeter à la mer avec le Silmaril que de s’avouer vaincue; et Ulmo la prit (non, pas comme ça, bande de pervers !) et l’emmena jusqu’au bateau de son mari. Alors Eärendil décida que la Terre du Milieu c’était décidément complètement pourri, comme coin, et qu’il allait aller voir à l’Ouest s’il y était. Eärendil et Elwing partirent donc vers Aman avec le Silmaril; et, fait remarquable, ils y arrivèrent, malgré les barrières que les Valar avaient dressées. Eärendil débarqua seul, ne voulant pas attirer la fureur des Valar sur ses compagnons; et il trouva Tirion déserte, parce que les Vanyar étaient encore une fois partis danser le menuet chez les Valar. Mais au moment où il allait repartir, Eönwë le salua et l’emmena voir les Valar. Là il leur expliqua que le menuet c’était bien joli, mais qu’en Terre du Milieu ça commençait à être sérieusement la merde et qu’il faudrait peut-être qu’ils s’en occupent s’ils étaient des Valar – enfin, plus poliment que ça, car le Vala est susceptible; et il parvint à les convaincre. Manwë décréta alors qu’Eärendil, Elwing et leurs fils (qui incidemment avaient été adoptés par un Maglor pris de remords) auraient le choix de leur destinée, humains ou elfes; et Eärendil laissa Elwing choisir pour eux deux, et elle choisit « elfes ». Et le bateau d’Eärendil fut sanctifié et placé dans le ciel, avec Eärendil et son Silmaril (en gros, de loin, ça ressemblait à une étoile); et Elwing s’installa dans une tour à l’ouest d’Aman, d’où à l’occasion elle montait rejoindre son mari quand il passait suffisamment bas. Mais donc les Valar, enfin décidés à arrêter de jouer les autruches, réunirent leurs armées pour aller latter sa tête à Melkor (enfin, on ne sait pas trop s’ils se sont dérangés en personne – tout ce qu’on sait, c’est qu’il y avait au moins Eönwë, les Vanyar et les Noldor de Finarfin). Les balrogs furent massacrés, sauf quelques-uns qui se planquèrent dans les profondeurs (hint, hint); Eärendil et les aigles réglèrent leur compte aux dragons; et Melkor fut capturé. (Ah, et la géographie locale subit quelques bouleversements notables – en gros, tous les endroits dont il a été question dans ce qui précède se retrouvèrent sous des profondeurs variables de flotte). Maedhros et Maglor, seuls survivants des fils de Fëanor, tentèrent de faire valoir leurs droits sur les deux Silmarils restants (enfin, Maglor était plutôt pour laisser tomber et subir les conséquences de la rupture du serment, à la base, mais son frère réussit à le convaincre); et ayant été rejetés, ils allèrent les faucher dans le camp d’Eönwë; mais les Silmarils brûlaient leurs mains; et Maedhros se jeta avec le sien dans une crevasse, et Maglor lança le sien à la mer, et resta à jamais à se lamenter sur le rivage. Après ces événements, laplupart des elfes quittèrent la Terre du Milieu pour Aman; Melkor fut scellé dans le vide externe, et ainsi prirent fin à la fois le Premier Âge et le _Quenta Silmarillion_ proprement dit. Mais Sauron, tapi dans l’ombre, attendait son heure…

CINQUIÈME PARTIE – L’Akallabêth, ou des inconvénients de la mégalomanie

Après la victoire sur Melkor, les Valar offrirent à tous les elfes restés en Terre du Milieu d’immigrer sur Tol Eressëa (ce qu’une bonne partie firent); et pour les trois maisons d’humains qui s’étaient opposés à Melkor (Hador, Bëor et Haleth), ils créèrent une île, Númenor, dans la mer entre Valinor et la Terre du Milieu, mais plus près de toi mon Valinor, quand même. Juste en vue de Tol Eressëa, par beau temps, en fait. Ils leur accordèrent aussi la chance, la fortune, la santé pour toujours, et si ta femme elle part je te la fait revenir en 46 heures chrono, plus vite que la Redoute; et une espérance de vie largement supérieure à la moyenne, pour pouvoir bien profiter de tout ça. Après quoi, fatigués, ils abandonnèrent comme à leur habitude ceux qui étaient restés en Terre du Milieu à leur triste sort et retournèrent à leurs occupations habituelles. Les Númenoréens, ou Dúnedain, s’installèrent donc sur Númenor; et les Valar désignèrent Elros, le fils d’Eärendil, pour régner sur eux. (Elros avait choisi de devenir humain, alors que son frère Elrond avait opté pour l’elfitude.) Ils fondèrent des villes, construisirent un temple à Ilúvatar (oui, de la religion, ça aura pris le temps mais ils ont fini par inventer ça. Les pauvres, pour ce à quoi ça va les avancer), et devinrent des marins émérites. Et les Valar leur interdirent de voyager vers l’Ouest hors de vue des côtes de Númenor, parce qu’ils étaient bien gentils, mais quand même, faut pas abuser; par contre les elfes de Tol Eressëa leur rendaient souvent visite; ils leur offrirent en particulier un arbre, Nimloth, qui fut planté dans la cour du roi, et qui était un rejeton de Celeborn, qui poussait sur Tol Eressëa, et qui était lui-même un rejeton de Galathilion, un arbre qui se trouvait à Túna et que Yavanna avait façonné à l’image de Telperion, l’arbre argenté dont je vous ai parlé plus haut, faut suivre, enfin; voilà
pour notre page botanique. Les Númenoréens, donc, voyageaient beaucoup dans l’est, et de temps en temps faisaient escale en Terre du Milieu pour apporter
la Civilisation aux sauvages.
Mais même s’ils étaient Super Forts, ils restaient des humains, et donc mortels. Et donc, au bout d’un moment, à force de penser à la joyeuse bande d’immortels qui glandaient à l’Ouest, ils commencèrent à être un brin jaloux; et la seule réponse des Valar à leurs interrogations métaphysiques était de l’ordre de « les voies d’Ilúvatar sont impénétrables », ce qui les laissait un peu sur leur faim. Ceci se passait sous Tar-Atanamir, treizième roi de Númenor; celui-ci, ainsi que la majorité de ses sujets, n’était pas satisfait de cet état de fait, même s’il n’osait pas se dresser ouvertement contre les Valar. Il commença donc à basculer franchement du Côté Obscur, levant des tributs auprès des pauvres sauvages de la Terre du Milieu; et il s’accrocha au trône jusqu’à son dernier souffle, alors que la coutume depuis le successeur d’Elros était que les rois prennent leur retraite quand le poids de la sénilité commençait à se faire sentir. Les Númenoréens se divisèrent alors en deux camps: le parti du roi, qui était pour la rupture des relations diplomatiques avec les elfes et les Valar et l’établissement d’un Grand Númenor en Terre du Milieu; et les amis des elfes, dits aussi les Fidèles, minoritaires, qui restaient attachés aux anciennes coutumes. A cette époque, les Númenoréens commencèrent à négliger le culte d’Ilúvatar et à établir des bases militaires en Terre du Milieu (dans le sud; seuls les Fidèles visitaient encore le nord, qui était le royaume de Gil-Galad). Et en Terre du Milieu, ils retrouvèrent un vieil ami qui leur voulait du bien…

INTERLUDE: Pendant ce temps, en Terre du Milieu

(Note à l’intention des puristes: j’insère ici le début de « Of the Rings of Power », dont c’est la place (chrono)logique). Lors de la chute de Melkor, Sauron rampa tel la limace baveuse devant Eönwë, se repentissant de ses infidélités au Parti afin d’essayer d’obtenir le pardon des Valar; mais le pardon des Valar, justement, c’est aux Valar qu’il fallait le demander, et ça risquait d’impliquer des trucs pénibles du genre liberté surveillée et travaux d’intérêt général, bref, c’était pas vraiment du goût de Sauron, qui jugea donc plus prudent de se planquer dans un sombre recoin au moment du départ vers Valinor.
Les Noldor qui étaient restés en Terre du Milieu avaient établi leur royaume en Eregion, sous la direction de Gil-Galad; et ils avaient noué de fructueuses relations avec les nains de la Moria, qui s’appelait encore Khazad-Dûm à l’époque. En particulier il s’y créa une guilde de bijoutiers dont le chef était Celebrimbor, le plus habile de sa profession depuis son grand-père Fëanor. Sauron, donc, voyant que les Valar avaient encore une fois abandonné la Terre du Milieu, décida d’utiliser la méthode subtile, pour changer; et il commença à fréquenter les humains et les elfes de la région sous le nom d’Annatar, le Seigneur des Dons, et il leur apprit beaucoup de choses; et grâce à ses conseils et sous sa direction les joaillers d’Eregion forgèrent les Anneaux de Pouvoir. Et en secret Sauron se forgea un Anneau destiné à contrôler tous les autres (enfin, leurs porteurs, surtout), dans lequel il investit une bonne partie de ses pouvoirs. Mais les Elfes se rendirent compte de ce qui leur arrivait, et ils retirèrent les anneaux; et Sauron dut les récupérer par la force.
Et même pas tous; car Celebrimbor, qui n’était pas la moitié d’un con, avait senti venir le coup, et avait donc forgé trois anneaux sans l’aide de Sauron, qui n’étaient donc pas contaminés par son pouvoir; et il refila un de ces anneaux à Galadriel, et deux à Gil-Galad, lequel en offrit un à Elrond. A partir de ce moment, Sauron fut plus ou moins en guerre permanente avec les elfes; et à l’aide des anneaux qu’il avait récupéré il pervertit sept (7) seigneurs nains et neuf (9) humains, parmi lesquels trois Númenoréens, lesquels neufs humains acquirent une certaine notoriété sous le nom de scène de Nazgûl. C’est à cette époque qu’Elrond fonda son refuge pour elfes maltraités à Imladris; Gil-Galad gardait le contrôle de son royaume; mais progressivement tout le reste de la Terre du Milieu tomba plus ou moins aux mains de Sauron.
C’est à ce moment-là que les Númenoréens commencèrent à vouloir faire de la concurrence à Sauron dans la catégorie « maître suprême de la Terre du Milieu »; ce qu’il prit évidemment très mal, comme on va le voir.

CINQUIÈME PARTIE, LA SUITE: Où sera justifié le sous-titre donné ci-dessus à la Cinquième Partie.

Les Númenoréens, donc, continuèrent à basculer de plus en plus nettement vers le Côté Obscur. Un pas décisif fut franchi par le dix-neuvième roi, qui contrairement à la coutume ne prit pas un nom de règne en langue elfique, mais en langue locale; et pas n’importe quel nom, puisqu’il se fit appeler Adûnakhor, Seigneur de l’Ouest, ce qui était une périphrase classique pour les Valar. Adûnakhor alla jusqu’à interdire l’usage des langues elfiques, et à punir ceux qui accueillaient les (rares) elfes qui visitaient encore l’île. Le vingt-deuxième roi, Ar-Gimilzôr, fit encore plus fort, puisqu’il fit déporter à l’est de l’île et placer en résidence surveillée les Fidèles, donc le bastion traditionnel était la province occidentale d’Andúnië. Ar-Gimilzôr épousa Inzilbêth, la nièce du seigneur d’Andúnië, parce qu’elle était BONNE – même s’il ne l’appréciait pas plus que ça, les seigneurs d’Andúnië étant des Fidèles de la pire espèce, même s’ils s’en cachaient. Ils eurent deux fils; l’aîné, Inziladûn, fut corrompu par la bonne influence de sa mère, alors que le cadet, Gimilkhâd, était bien le fils de son père. Au grand dam de Ar-Gimilzôr, la loi l’obligeait à prendre comme héritier Inziladûn. Celui-ci monta donc sur le trône sous le nom (elfique) de Tar-Palantir; et il tenta de réparer les erreurs de ses prédécesseurs; mais ses opposants, avec Gimilkhâd à leur tête, restaient majoritaires. Or il advint que Tar-Palantir mourut en ne laissant qu’une fille, Míriel; qui suivant la coutume aurait donc du devenir reine (oui, la coutume de Númenor autorisait les femmes à monter sur le trône). Mais soutenu par l’opinion publique (un peu aidée par les trésors qu’il passait sa vie à ramener de Terre du Milieu), Pharazôn fils de Gimilkhâd l’épousa de force (alors que la loi interdisait le mariage entre cousins germains); et il s’empara du pouvoir sous le nom de Ar-Pharazôn. Or à cette époque Sauron régnait à peu près sans partage en Terre du Milieu, sous le titre de Roi des Hommes; et Ar-Pharazôn le Doré, vingt-quatrième roi de Númenor, s’écria donc d’une voix que l’on imagine hystérique: « Je veux être Sauron à la place de Sauron ! ». Il embarqua donc avec sa flotte et son armée, et débarqua en Terre du Milieu. Là Sauron se dit qu’il n’était pas sûr de gagner par la force, et qu’il y avait certainement moyen de s’amuser en s’y prenant autrement; il se rendit donc à Ar-Pharazôn, lui offrant la domination de la Terre du Milieu. Le roi, qui flairait quand même un peu le coup fourré, décida de l’emmener comme
hotage avec lui à Númenor – ce qui était précisément ce qu’avait envisagé Sauron. Quelques années suffirent à Sauron pour devenir l’éminence grise et l’âme
damnée d’Ar-Pharazôn. Sous son influence, les persécutions contre les Fidèles redoublèrent d’intensité, ainsi que l’expansion militaire de Númenor; et
Sauron persuada Ar-Pharazôn que toute cette histoire d’Ilúvatar n’était qu’un pipeau monté par les Valar pour justifier leur domination du monde et faire peur aux simples d’esprit, et que le seul vrai Dieu s’appelait Melkor, injustement incarcéré par les Valar pour s’être opposé à leurs sombres desseins; et, en souvenir des bons moments qu’il avait passé avec Melkor, il poussa Ar-Pharazôn à lui instituer un culte, avec sacrifices humains et tout le toutim; et il fit construire un temple, dans lequel il fit convertir en bois de chauffage l’arbre blanc Nimloth, dont je vous parlais un peu plus haut. Heureusement, il restait une poignée de fidèles, sous la direction éclairée d’Amandil, seigneur d’Andúnië; et Amandil et son fils Elendil jouissaient encore d’une réputation plus que respectable à cause de leurs brillants états de service dans la marine númenoréenne. Elendil avait deux fils, Isildur et Anárion; et Isildur, peu avant l’abattage de Nimloth, était parvenu à dérober un fruit, apportant ainsi une contribution fondamentale à la préservation de la biodiversité; et Amandil avait planté ledit fruit à Andúnië. La puissance de Númenor atteint ainsi son niveau record; mais Ar-Pharazôn vint à vieillir, et fut pris de l’obsession de l’immortalité qui avait caractérisé avant lui certains de ses ancêtres parmi les plus remarquables. Sauron lui expliqua alors que c’était parce que les elfes et les Valar vivaient en Aman qu’ils étaient immortels, et pas le contraire; sur quoi Ar-Pharazôn se décida à entreprendre la conquête de Valinor. Amandil s’embarqua vers l’ouest pour essayer d’attirer l’attention des Valar sur cet épineux problème, mais on n’eut plus aucune nouvelle de lui; et Elendil et ses partisans survivants (de moins en moins nombreux, car beaucoup s’étaient découvert une vocation de sacrifices à Melkor au cours des années précédentes) préparèrent leurs vaisseaux pour pouvoir s’enfuir en Terre du Milieu si ça commençait à trop sentir le roussi. A cette époque vinrent de l’ouest des nuages en forme d’aigles, porteurs de tempête; et Ar-Pharazôn s’insurgea contre cette provocation inqualifiable de la part des Valar, et résolut enfin d’aller leur latter la gueule. La flotte s’embarqua donc vers l’ouest; et contournant Eressëa, Ar-Pharazôn débarqua en Aman. Alors Manwë s’adressa à Ilúvatar et lui dit « Eru ! Y’a ton sale gamin qui fait rien qu’à m’embêter, là ! ». Et Ilúvatar entendit, et il se fâcha tout rouge. Une crevasse s’ouvrit dans la mer pour engloutir la flotte de Númenor; Ar-Pharazôn et ceux de ses hommes qui avaient débarqués furent ensevelis sous les collines; et la Terre devint ronde (si !), et Aman et Tol Eressëa furent retirés du monde, accessibles seulement à quelques élus; et Númenor fut engloutie sous les eaux. Mais Elendil et les siens furent emportés par le vent jusqu’en Terre du Milieu. Et Sauron lui-même, qui était resté à éclater d’un rire démoniaque dans le temple de Melkor, fut emporté dans la chute de l’île; il n’eut que le temps d’abandonner son corps pour s’enfuir en Terre du Milieu se réfugier dans son vieux royaume de Mordor, et plus jamais il ne put prendre la jolie forme qui avait été la sienne à Númenor.

MORALITÉ:
Faut pas gonfler Ilúvatar
Quand y répare sa mobylette
C’est la morale de ma chanson
Moi j’la trouve chouette,
pas vous ? Ah, bon…

BONUS TRACK: Les Anneaux de Pouvoir et le Troisième Âge

(normalement vous connaissez déjà tous ça par coeur, mais bon, ma générosité est sans bornes…)
Sauron, dans un sale état à son retour de Númenor, se retira dans ses appartements de Barad-Dûr pour méditer sur les vicissitudes de la condition Maiaresque. Elendil, lui, fut porté par les flots jusqu’au royaume de Gil-Galad, dont il devint l’ami, et y fonda le royaume d’Arnor; alors que ses fils Isildur et Anárion avaient été déposés plus au sud, et qu’ils avaient appelé leur royaume Gondor. Ils s’installèrent donc, fondant moult forteresses dont je vous épargnerai la liste détaillée; Isildur planta le fruit de Nimloth qu’il avait sauvé devant sa maison à Minas Ithil; et les trois compères se partagèrent les palantíri, qu’ils avaient ramené de Númenor, trois pour Elendil et deux pour chacun de ses fils. Mais pendant ce temps Sauron s’était refait une santé, ou au moins un corps; et il advint qu’il lança ses légions malfaisantes à l’assaut de Gondor. Il prit Minas Ithil et détruisit l’Arbre qui s’y trouvait; mais Isildur s’enfuit avec femme, enfants et un rejeton dudit Arbre pour aller chercher son père, pendant qu’Anárion faisait son possible pour retenir Sauron. Mais Gil-Galad et Elendil décidèrent de faire front commun contre le Mal; et des hordes d’elfes, d’humains et de nains avides de sang et de carnage déferlèrent sur Sauron et ses serviteurs. La bataille fut épique; Anárion, habitué aux seconds rôles, fut tué en plein milieu par un sous-fifre anonyme; Elendil et Gil-Galad se battirent contre Sauron, et furent tués; mais Sauron lui-même fut vaincu; Isildur coupa le doigt auquel il portait l’Anneau, et l’emporta comme trophée, cependant que Sauron quittait son corps pour retourner bouder dans les profondeurs des ténèbres; et ainsi s’acheva le Deuxième Âge. Suivirent de longues années de purges pendant lesquelles les serviteurs de Sauron furent massacrés sans autre forme de procès, ses bureaux furent rasés et ses terres placées sous surveillance. Elrond et Círdan conseillèrent
à Isildur d’en profiter pour se débarrasser de l’Anneau une fois pour toute; mais lui avait l’air d’y tenir, et il partit vers le nord pour reprendre le trône de son père, ne s’arrêtant que le temps de planter l’Arbre, ènième version, à Minas Anor. Mais il fut pris en embuscade par des orques et joyeusement massacré; on ne revit que trois de ses compagnons, qui s’enfuirent avec les morceaux de son épée; mais l’Anneau disparut dans la bagarre. Les descendants d’Isildur régnèrent sur le Gondor pendant un certain temps; mais à l’époque du vingt-troisième roi, Eärnur, les Nazgûl reparurent en Mordor et prirent Minas Ithil – qui fut illico rebaptisée Minas Morgul, la Tour de la Sorcellerie, alors que Minas Anor devenait Minas Tirith, la Tour de Garde. Le fils d’Eärnil, Eärnur, fut défié en duel par le chef des Nazgûl; tel le crétin, il se pointa au rendez-vous devant les portes de Minas Morgul, fut capturé, et on n’entendit plus jamais parler de lui. Après lui, le gouvernement de Minas Tirith fut assuré par les Intendants de la maison de Mardil.
Les choses restèrent calmes pendant un certain temps; mais au bout d’un moment de sales rumeurs se répandirent à propos d’un Méchant Sorcier qui faisait des trucs pas biens dans sa tour de Dol Guldur. A cette époque aussi débarquèrent en Terre du Milieu les Istari – des Maiar venus de Valinor en mission secrète, ce qui explique qu’ils se soient présentés sous apparence humaine, et que seuls Círdan, Galadriel et Elrond aient été mis au courant de leurs origines. (incidemment Círdan, Galadriel et Elrond étaient les gardiens des trois Anneaux des elfes – Gil-Galad avait refilé le sien à Círdan avant de partir au casse-pipe; Círdan l’offrit à Gandalf à son arrivée.) Les deux principaux Istari étaient Gandalf et Saruman. (je vous épargne la litanie de leurs divers surnoms.) Gandalf, donc, partit espionner le Sorcier de Dol Guldur, et se rendit compte qu’il ne s’agissait de nul autre que Sauron. Il convoqua alors toute l’intelligentsia elfique pour
discuter du problème; mais Saruman les convainc qu’après tout, c’était pas si grave, que l’Unique était perdu, que Sauron n’avait aucune chance de le retrouver, et que c’était pas la peine de s’inquiéter, rentrez chez vous braves gens, circulez y’a rien à voir. Après quoi il retourna à son occupation favorite: la recherche dudit Unique, parce qu’il voulait être Sauron à la place de Sauron. Ceci dit, au bout d’un moment, les gens s’aperçurent que Sauron n’allait pas s’en aller tout seul; et ils lancèrent donc un assaut, que ce cher Sauron avait prévu depuis longtemps, et dont il profita pour se replier stratégiquement vers des positions préparées à l’avance: son vieux fief de Mordor.
C’est à cette époque que l’Anneau refit surface, dans un vague pays peuplé de petits gnomes bouseux qui répondaient au nom de hobbits. Gandalf fut le premier à s’en rendre compte, et envoya ses amis les scouts surveiller les hobbits; puis Sauron en eut vent à son tour, et envoya les Nazgûl à la recherche de l’Anneau. La suite, vous la connaissez, je vais pas vous l’apprendre: encore une fois, ça se termine mal pour le pauvre Sauron, l’Anneau est détruit, tout ça, et ils vécurent heureux et… euh, non rien. Bref, c’est fini.